Le procès des glaciers
Le dernier jour du festival en juin 2022, nous – c’est à dire l’humanité – étions assignés à comparaître pour notre responsabilité dans la fonte des glaciers. On sait comment cela s’est terminé. Pas de demi-mesure : coupable.
Pourtant, pendant ce procès spectacle écrit et joué par les habitants de la vallée sous la houlette d’un écrivain et d’un glaciologue, il s’est passé quelque chose. Cette humanité, mise en accusation, sommée de s’expliquer, était aussi celle qui constitue le public du festival. A la fin du procès, elle se tenait là, debout, et ce qui la traversait, croyez-moi — et celles et ceux qui y étaient peuvent en témoigner — c’était la sentiment d’une force collective. Je suis convaincue que ce qu’il s’est joué cet après-midi là, ce n’était pas un sentiment de culpabilité qui aurait engendré je ne sais quel sursaut. Non. Ce qui traversait le public était une émotion emmêlée de joie et de tristesse. Aussi, les humains qui se tenaient là, ensemble, venaient de vivre une expérience profondément écopoétique.
Car l’écologie ne peut se résumer à une somme de connaissances et de maîtrises techniques. L’écologie ce n’est pas simplement la préservation ou la protection. Du moins ce ne peut pas être que cela. L’écologie que l’on pratique au Murmure du monde est une écologie de l’attachement, un souci des autres formes de vie, un regard attentif — profond — porté sur ce qui nous entoure, accompagnés dans ce geste par des auteurs et des autrices.