Raccommoder le climat : une résidence en art textile

L’ARTISTE

Céline Messina

Céline Messina est plasticienne en arts du fil. Elle travaille sur le rapport que nous entretenons avec les paysages et les territoires que nous habitons face aux changements climatiques.

Après l’exposition de son œuvre textile « La Blanche » exposée en juin 2024 à l’Abbadiale d’Arras en Lavedan à l’occasion de la quatrième édition du festival du Murmure du monde, Céline Messina revient dans le Val d’Azun pour deux semaines de résidence à la fin du mois de novembre 2024.

 

Elle y explore ses émotions face à la transformation des paysages hivernaux en milieu de montagne. Son point de départ : faire remonter à la surface les souvenirs des scènes d’hiver. Quels sont les sentiments éprouvés face aux souvenirs des panoramas enneigés et glacés, immaculés de blanc ? Quels sont les sentiments, aujourd’hui, face aux paysages de montagne à l’aube de l’hiver, quand les premiers flocons ne tombent pas ?

Il y a de la nostalgie, de la tristesse, de la colère bien sûr.  Mais il y a aussi une forme d'émerveillement face à des beautés plus douces, plus secrètes des paysages bruns baignés de lumière rasante. Les panoramas sont plus subtils avec des ombres changeantes et des textures veloutées.

Ainsi, après plusieurs moments d’essais-erreurs, Céline a décidé de se lancer dans la création de tableaux textiles visant à exprimer cette complexité émotionnelle – ses tableaux témoignant à la fois de la transformation des paysages saisonniers et de la capacité de l’artiste à les admirer aujourd’hui pour ce qu’ils sont. C’est donc un travail de la superposition qui est mis à l’œuvre, pour créer une image hybride de l’hiver.

D’un point de vue esthétique, il s’agit de représenter ces images duelles à travers la découpe des silhouettes (crêtes, arbres dénudés, sillons…), le sujet de la chute de neige (sujet obsessionnel) et l’image du brouillard, celui de la mémoire.

D’un point de vue technique, il n’y aura que des fibres naturelles : fils de laine, fils végétaux et feutres, en utilisant la broderie, le feutrage à l’aiguille et les appliqués en mailles. Toutes les étoffes utilisées seront fabriquées à la main.

Enfin, ce processus créatif comporte en son sein l’idée de la réparation ou de la consolation, pas uniquement par son rôle cathartique mais aussi par le geste de l’aiguille et du fil qui répare, qui raccommode, qui suture.


Une résidence de création à Arrens-Marsous du 18 au 30 novembre 2024.